Mais que c'est-il passé?

Publié le par Nanard77

Mais que c’est-il donc passé ?

 

C’est bien la question que je me pose en ce samedi soir alors que je suis assis sur les marches de la poste de Châtillon-sur-Seine et que j’attends mon épouse et ma fille qui viennent me chercher.

Tout avait pourtant bien commencé. La veille, vers 20 h je rejoignais JP77 à la Ferté Gaucher pour y passer la nuit avant de rejoindre le départ du 600 km organisé par le Club de Château-Thierry.

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Après avoir laissé ma voiture sur un petit parking, JP m’invite à entrer chez lui. Tout d’abord près avoir déposé mon destrier dans une petite pièce où trône déjà une demi-douzaine d’autres bêtes dont un tandem, son vélo pour le lendemain et un vieux clou dont JP me raconte l’histoire.

Il s’agit du vélo d’un gars qui a fait PBP en 1931. Sur celui-ci, il a fait plusieurs brevets et une diagonale comme en attestent les carnets de route que JP a récupérés et qui se trouvent dans une pièce consacrée en grande partie à la passion de mon hôte.

Je suis très impressionné, autant par les objets en sa possession que par tout ce qu’il a déjà réalisé, moi qui ne suis dans le métier que depuis 2004.

 

Nous rejoignons son épouse qui roule également un peu. La table est dressée et nous nous y installons. La conversation tourne bien sur autour de notre passion commune mais uniquement. Vers 22 h nous montons nous coucher pour un lever prévu vers 4 h 30.

Je prend mon insuline basale et je met les 2/3 de la dose habituelle, comme je le fais quand je fais un grand brevet.

Je dors assez bien même si je me réveille plusieurs fois. Ainsi, quand JP vient me réveiller, je suis déjà debout.

Ca a  toujours été comme ça lors d’un grand événement sportif.

J’enfile la tenue rouge de mon club. Cuissard, maillot court et sur-maillot manche longue et je descend prendre mon petit déjeuner. Gâteau au chocolat, café puis céréales et jus d’ orange et insuline à la moitié de la dose ordinaire.

Nous rejoignons la voiture avec nos vélos et nous prenons la route vers Château Thierry alors que le jour se lève.

Nous trouvons aisément le point de départ où sont présent déjà une bonne dizaine de gars.

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En fait nous allons être 17 inscrits. 0 l’inscription je vois un maillot du club de Fontainebleau. J’engage la conversation pour savoir s’il connaît Robert avec qui j’ai fait Mennecy Montargis Mennecy et qui roule souvent avec le club de Fontainebleau. Il ne le connaît pas mais je découvre qu’il s’agit du Boulanger de Fontainebleau dont mon vélociste m’a déjà parlé.

Il y a là 4 gars de Château-Thierry, 3 de Villers-cotterêts et 5 d’un autre club. Les autres sont des individuels.

Après la photo classique du départ, nous prenons la route sous la direction de Pascal ; Le « chef » de ce brevet. 

La sortie de la ville se fait par la côte de Nesle la Montagne. C’est marrant mais je n’aime pas trop des noms comme ça, je me demande bien pourquoi.

La montée est longue et je me rend tout d suite compte que je ne serai pas dans les meilleurs grimpeurs. Certes je le sais d’autant que mon vélo est assez chargé vu que je suis parti pour être en autonomie. Nous prenons ensuite des routes calmes dans une fraîcheur relative. Notre douce folie est récompensée par la vue de plusieurs chevreuils dont un qui nous coupe la route à  tout juste 10 mètres devant nous. La fraîcheur matinale s’estompe petit à petit mais le vent se lève et oh surprise, il ne nous est pas favorable.

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Rapidement, 4 jeunes du même club prennent les devants et disparaissent de notre vue. Ils ont l’intention de dormir vers le 300éme km. Mais ils ne sont visiblement pas très à l’aise avec le road book car à plusieurs reprises nous les retrouverons soit cherchant leur route soit arrivant par un autre chemin.

Pour autant, la vitesse qui s’affiche sur mon compteur m’indique que nous roulons à plus de 26 de moyenne sur ces premières heures dans la plaine champenoise.

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Au km 58, mon compteur s’arrête sans que je comprenne pourquoi

Nous roulons souvent sur de longues lignes droites monotones. Je prends parfois quelques relais. J’essaie avec JP de descendre l’allure mais rien n’y fait. Un arrêt technique nous permet de nous soulager d’une couche de vêtement.

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Vers 11 h nous arrivons à notre premier contrôle (km 138). Un café nous accueille. Chacun se restaure un peu et en profite pour revêtir une tenue plus légère.

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Personnellement, je prend un sandwich et Vittel menthe au bar. Je m’assoie à une table où JP me rejoint. Je fais un contrôle glycémique. Il est très bon. Je prends en plus un casse-croûte au fromage de mon sac et un gâteau de semoule au chocolat.  Je décide puisqu’il fait chaud de ne pas prendre d’insuline.

Nous repartons sur le même rythme. Le paysage a changé car nous entrons en Bourgogne. Les routes sont plus vallonnées. A chaque fois je finis en fin de peloton mais cela ne m’inquiète pas. De toutes façon, si je me fais lâché nous continuerons seuls avec JP.

Nous arrivons vers 13 heures au point de contrôle suivant mais il n’y a ni café ni entreprise nous permettant de tamponner notre carnet. Pascal nous conseille juste de noter l’heure ; il certifiera notre présence par une jolie signature.

      Nous repartons mais pas plus loin que le village suivant, enfin que le cimetière suivant puisque nous avons besoin de remplir nos bidons. Il est vrai qu’il fait de plus en plus chaud. Je remplis les deux mien dont celui de Malto.

Je prends quelques photos et nous voilà repartis, Nous avons fais près de 200 km à plus de 26 de moyenne me dit JP.

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a peine une demi heure plus tard, je commence à ressentir des crampes dans les cuisses. Enfin, cela ressemble à des crampes mais pas tout à fait. C’est l’ensemble du muscle de la cuisse qui devient dur mais quand je décontracte ça passe.

Cependant, cela m’oblige à ralentir en particulier quand ça monte. JP s’en aperçoit et m’attend. Mais comme nous revenons dans les descentes et sur le plat sans trop forcer je ne m’inquiète pas.

Mais cela va de mal en pis. Au bout d’un moment, je ressens une douleur dans le ventre et j’ai des remonté de bile, j’en arrive à avoir envie de vomir. Je dis à JP de continuer car les autres sont déjà loin et que je préfère m’arrêter au moins provisoirement. Mais JP est quelqu’un de bien et il décide de rester auprès de moi. Je m’allonge dans l’herbe mais cela n’arrange pas grand-chose. Tout juste ai-je moins mal aux jambes. Je repars donc, mais quelques km plus loin, j’ai de nouveau mal au ventre et je me sens complètement vidé. J’appelle JP et je lui dis que j’arrête là car il se passe quelque chose de pas normal.

Je ne peux plus faire le moindre effort, j’ai très soif ; Je pense alors à une déshydratation.

JP me suivra jusqu’à Bellerive où ironie de la situation se trouve une abbatiale consacrée à … Saint Bernard. Sans commentaire.

Je vais laisser repartir JP seul et j’appelle mon épouse. Je lui décris ce que je vis et je lui demande de venir me récupérer à Auxerre qui se trouve à moins de 100 km. J’espère le reposé un peu et pouvoir avancer sur la route même si ce n’est pas jusqu’à Auxerre au moins de m’en approcher.

Je trouve un arrêt de bus à l’ombre et je me couche sur le banc. Je suis vraiment mal car je n’ai même pas la lucidité de regarder ma glycémie. J’essaie de boire au maximum car j’ai vraiment très soif. Deux gamins passent me dire bonjour.

Je doute alors de mes capacités physiques et je crains pour les autres brevets s’ils se déroulent sous le soleil et par forte chaleur. Le moral est au plus bas.

Au bout d’une heure, me sentant un peu mieux, je décide de me mettre en route. Je prends la direction de Chatillon sur Seine à à peine 40 km de là.

Les premiers km se passent bien même si je les fais calmement mais arrive une très longue montée. Je ressens de nouveau ce mal de ventre et une immense fatigue. Je vacille et je m’arrête. Je prends cinq minutes et je repars…. A pied.

Arrivé en haut, je remonte sur mon vélo. Tant que c’est plat ça va mais la moindre côte me demande un effort qui devient vite insurmontable. Je ferai ainsi plus de trente km. Bien évidement, il n’est plus question de rejoindre Auxerre. Je donne rendez-vous à mon épouse à Chatillon sur seine.

Les dix derniers km, je les ferai en camionnette, pris en stop par un gars super sympa qui est avec cinq gamins adorables. L’un d’eux me demandera même si je mange chez ce soir. Cela me redonne vie. Après tout, ce n’est pas si important que cela d’avoir loupé ce brevet. 

Arrivé sur la place de la poste, je m’installe à une terrasse et je prends un Vittel menthe. Il fait soleil, les gens sont heureux autour de moi alors que de mon coté, je ne ressens plus rien. Ni tristesse, ni désarroi ; rien qu’un grand vide.

Il est 9 heures le café va fermer. Je décide d’aller sur les marches de la poste qui est juste en face de la route d’Auxerre d’où mon épouse et ma fille ainée qui l’accompagne vont arriver. 

Au bout d’un moment, je me souviens que j’ai mon MP3. Je le mets, la musique à fond. Téléphone, les Stones, les Dorrs et les Cures vont combler  ce vide qui est en moi.

C’est comme cela qu’elles vont me trouver. Il paraît que je suis livide et amaigri.

Je charge mon vélo et je me change puis je m’installe à l’arrière et nous prenons la direction de la maison. Seul arrêt pour qu’elles prennent à manger. Le nom de la ville … c’est Ballot !!!

Si si, je vous jure que c’est vrai.

Nous en rigolons mais je n’ai toujours pas de réponse à ma question. Que c’est-t-il donc passé.  Et je m’endors …. (A suivre)

 

 

 

 

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L
<br /> Les premiers 200 a plus de 26 de moyenne , franchement ca m'épate .<br /> peut etre le fait d'avoir rouler un peu trop vite sur le debut .<br /> <br /> Je suis vraiment admiratif de vos performances sachant qu'en plus vous etes diabétique . Chapeau .<br /> <br /> Je commence seulement a faire des brevets et je fini regulierement seul et avec de grosse défaillance a la fin .<br /> sur des distance comme celle la on a tout enterré a suivre son propre rythme des le début . a voir si on est prés a rouler seul sur cette durée .<br /> <br /> Cordialement .<br /> <br /> Christophe<br /> <br /> <br />
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