Flèche Vélocio 2009

Flèche Vélocio

    


Pâques 2009

410 km Chalons sur Saone / Le Pontet

Départ de Dammarie à 9 h 30 en ce vendredi 10 Avril.

J. Philippe nous a rejoint, mon épouse dite Coco qui conduit, ma fille aînée Morgane dite Nanou et moi même.

Une demi heure plus tard nous sommes chez Robert où après avoir chargé ses affaires et amarrer son vélo, il nous offre un bon café.



Les tasses bien rangées, nous voilà partis ; direction Saint Marcel, dans la banlieue sud de Chalons sur Saône, point de départ de notre périple.

 

Arrivés vers 13 heures sur place et ne trouvant pas de cafétéria, nous nous rabattons sur une pizzeria juste à quelques dizaines de mètres du panneau Saint Marcel. Installé dans une ancienne station service, ce restaurant va être le premier épisode de bonheur de notre journée.

Le patron, grande gueule et grand cœur, nous fait l’honneur de grandes assiettes de pâtes qu’il agrémente de fromage râpé à volonté. Il nous offrira également un pain entier pour nous soutenir dans notre défi. Une bonne adresse à retenir pour ceux et celles qui passeront par là.

 

15 heures trente. Il est temps de préparer nos montures. Le temps est agréable et le soleil brille. J Philippe et moi décidons de rouler en cuissard court. Robert plus prudent préfère garder le long.

 

Une fois les vélos chargés, les bidons pleins et les lunettes de soleil posées sur le pif, nous faisons tamponner nos carnets et nous prenons la route jusqu’au panneau d’entrée de Saint Marcel pour une photo.

Un groupe de cyclos avec les  insignes de la Vélocio vient de passer devant nous. Grands bonjours !

Un peu plus loin, juste devant la Mairie, nouvel arrêt pour mettre à zéro nos compteurs.

 

Cette fois, c’est parti ! Nous sommes aux abords d’une grande ville et la circulation est dense durant ces premiers kilomètres. Pourtant, le rythme est bon et les relais s’enchaînent.

Progressivement nous prenons notre vitesse de croisière. Le vent est légèrement défavorable mais peu violent. Quelques kilomètres plus loin, nous apercevons les cyclos « Vélocio » devant nous. Ils s’arrêteront d’ailleurs un peu plus loin auprès d’une camionnette. Coco et Nanou nous doublent et nous voilà seuls face à quelques 400 km et 24 heures de route. Le moral est au beau fixe !

 

A Bagé le Chatel, nous entendons un quidam qui apostrophe Robert. En fait, il s’agit de ses copains qui habitent près de Macon et qui sont venus lui faire un petit coucou. Ils sont installés auprès de l’assistance d’un autre groupe qui fait la Vélocio aussi.

Quelques encouragements et nous voilà repartis direction Châtillon sur Charonne pour notre premier pointage après 80 km.

Nous l’atteignons sans difficultés particulières avec près d’une demi-heure d’avance sur notre planning.

En fait, mais nous ne le savons pas, nous avons fait une erreur de calcul sur cet horaire. Nous le paierons plus tard !

Du coup, nous prenons notre temps pour pointer dans l’horaire que nous avons défini. Il est  près de 21 heures et nous repartons après nous être équipés pour rouler la nuit

 

Progressivement, la nuit nous atteint alors que nous entrons dans l’Isère. A plusieurs reprises, nous devons demander notre chemin. A chaque fois, c’est l’étonnement qui domine. Voir trois gugusses arriver en pleine nuit à vélo avec des lumières partout, ça a de quoi surprendre. Souvent, notre interlocuteur ne connaît pas le chemin et nous perdons du temps. Pour autant, il y a des rencontres sympas et à chaque fois des encouragements qui nous redonnent du peps.

Progressivement nous nous rendons compte que nous ne serons pas à l’heure prévue à Bourgoin-Jallieu.

En accélérant un peu le rythme, nous parvenons à l’entrée de Bourgoin-Jallieu un quart d’heure avant l’heure où nous avions prévu de repartir.

Coco et Nanou ont trouvé une place éclairée auprès d’un centre de contrôle technique juste à coté d’un Buffalo.

Dès que nous posons nos vélos, Coco nous dit que le resto vient de fermer et qu’il y a encore du monde. Il est pourtant plus de minuit. Nous nous précipitons sans ôter ni nos casques ni nos baudriers fluo ni nos lampes frontales. Nous frappons à la fenêtre. Il faut voir la tête de la jeune femme qui est en train de nettoyer le sol. On dirait qu’elle a vu des extraterrestres. Remarquez, c’est un peu ça quand même. Comment s’imaginer que des types sont en train de faire du vélo à une heure pareil.

Après un instant d’hésitation, elle nous fait signe de venir à la porte. Nous lui expliquons et elle se fait un plaisir de nous tamponner nos carnets de route tout en nous souhaitant bon courage.

Retour à la voiture où les pâtes sont en train de cuire.

Morgane les surveille assise par terre. Elle a un peu froid alors que nous, nous avons chaud.

Nous nous changeons pour remettre des affaires sèches.  Un peu de pâté et nous avons droit à une bonne plâtrée de nouilles à la sauce à l’ail.

Une bonne part du gâteau de riz de Robert (à essayer absolument) et nous décidons de repartir après que nos deux assistantes nous aient remplis nos bidons. Que de réconfort !

Peu après la sortie de la ville, nous attaquons une longue montée. Elle fera une dizaine de kilomètres. J’ai tout de suite des soucis car j’ai mal au ventre et des remontées d’ail m’obligent à m’arrêter. Je suis au bord de vomir. De plus, mon petit plateau ne passe pas.

Finalement, j’arrive en haut bien après les deux autres. Le mal au ventre semble être passé mais je souffre du dos. Je n’y comprends rien. Même sans mal au ventre mes deux compagnons ont du mal à digérer cette pente.

Je vais quand même un peu mieux et dans la descente je passe devant. La lune est là et elle nous éclaire suffisamment pour une descente sans trop de soucis.

Nous continuons en essayant d’accélérer l’allure pour réduire notre retard. C’est Robert qui roule le plus souvent devant mais les relais se font avec entrain.

Sur quatre éclairages trois des miens tombent en panne les uns après les autres. Peut être la pluie du PBP à fait plus de mal que je ne le pensais, J Philippe me passent l’un des siens. Il est vrai que nous n’avions pas lésiner sur l’éclairage, les bandes réfléchissante et le gilet fluo offert par le club.

 

Finalement, nous arrivons à Hautererives  au km 215 à plus de 4 heures du matin au lieu de 3 h 30. Nous avions prévu d’y dormir une paire d’heures. Nous appelons notre assistance. C’est Nanou qui répond. Elle nous indique où elles sont. Elles nous ont trouvé une sorte de préau suffisamment grand pour nous y installer avec aise. Nous venons de franchir les 12 heures et 220 km.

Nanou est là, seule, car sa maman dort dans la voiture. Nous étendons une bâche, trois matelas et nos sacs de couchage. Il est déjà 4 h 30. Nous décidons de ne dormir qu’une heure.

Nanou est vraiment aux petits soins pour nous. Une vraie mère ! Cela fait chaud au cœur.

Nous trouvons tous un brin de sommeil facilement.

Une heure plus tard le portable de J. Phillipe nous ramène à la réalité. « Debout la dedans !! »

Nanou est tout de suite prête et elle nous sort ce que nous lui demandons : 4-Quart, Yop, compote etc…

Un quart d’heure plus tard, nous remontons sans trop de difficulté sur nos montures. Un arrêt devant la poste pour y déposer une feuille de pointage prévue à cet effet et nous voilà repartis. Cette heure de sommeil a tout de même fait du bien. Cela sera la seule sur les 24 heures.

 

A peine sortis du village, nous attaquons une pente longue et sévère. J’ai tout de suite mal au dos et je suis obligé de descendre les vitesses rapidement pour ne pas souffrir. Je rejoins mes compagnons un peu plus loin après le sommet. Nous traversons Roman sur Isère où nous demandons une nouvelle fois notre route. Ce n’est qu’au bout de la troisième demande que quelqu’un est en mesure de nous renseigner.

 

Le jour se lève petit à petit. Les oiseaux gazouillent la fraîcheur se fait sentir. Mais pas encore la bonne odeur du café ! Nous roulons un peu plus vite que prévu pour rattraper notre retard.

Notre prochain arrêt situé dans un petit village, n’est pas un point de contrôle. Nous avons juste prévu d’y déjeuner.

Mais le village n’est pas exactement sur la route. Après quelques kilomètres, nous avons un doute et nous regardons la carte. Il est évident que nous l’avons loupé. Nous appelons Coco. Elles ont eu aussi du mal à le trouver. Nous ne savons même pas si nous sommes sur la bonne route. C’est Nanou qui nous confirme que nous sommes sur le bon itinéraire. Nous convenons de les attendre un peu plus loin.

Nous reprenons donc notre chemin. Je me sens mieux et la montée que j’attaque avec prudence se passe bien. Je parviens même à rejoindre J. Philippe et à le dépasser. Quel exploit !!!!

Nous nous arrêtons et nous faisons le point en attendant, allongé sur le talus. Nous nous sentons bien. Mes compagnons n’ont pas souffert de la nuit. Robert, pour qui c’était une première, a bien apprécié. J. Philippe n’aime pas la nuit mais ça va. Il est quand même ravi que le jour soit levé. Mon dos, hélas, ne me permet pas de profiter au mieux de ces moments.

Nous avons fait 280 Km. Nous avons pratiquement  rattrapé notre retard mais nous devons pointer encore trois fois ; deux contrôles et un pointage à la 22ème  heure. En effet il nous faut faire obligatoirement plus de 25 kilomètres lors des deux dernières heures. Nous prévoyons cet arrêt à Vacqueras au km 372, soit 35 km avant l’arrivée, ça devrait aller en deux heures.

 

Nous prenons le temps de bien déjeuner. Jean Philippe et moi en profitons pour nous débarrasser de nos sacoches arrières, histoire de nous alléger. Nous repartons. Petite fraîcheur mais vite oubliée dès la première pente.

Au village d’après nous demandons notre route. Là encore difficile de trouver quelqu’un qui connaît.

Une dame nous indique que la route choisie passe par un col. Nous redoutons la suite ! Nous entamons cette fameuse montée. Robert part devant. Je tente de m’accrocher à la roue de Jean Philippe. Un jeune cycliste nous double à bonne allure et nous encourage. Et peu plus on se serait cru à l’arrêt. Je cède, mon dos me fait de nouveau souffrir et je laisse J. Philippe partir.

Peu après Coco et Nanou nous dépassent. Je retrouve tout le monde au sommet. Coco me donne deux Dolipranes et nous poursuivons notre chemin.

Les Doliprannes semblent faire effet car je retrouve aisément un bon rythme dans l’ascension qui suit. Nous redescendons dans la plaine qui doit nous conduire à notre prochain pointage, à Suze-la-Rousse,  au km 348,village mythique pour Robert, où nous avons prévu de manger de nouveau des pâtes pour finir les pâtes et le raid.

Mais soudain, le vent s’en mêle. Il est de plus en plus fort et au milieu des vignes, il n’y a rien qui l’arrête ou qui nous permettrait de nous abriter. Robert prend les premiers relais appuyés pour essayer de maintenir un 20 km/h. Mais c’est vraiment très dur. Je prend le relais car mon dos à l’air de vouloir me laisser tranquille. J. Philippe s’y met aussi, mais c’est vraiment pénible !  Par deux fois le vent va nous faire faire un écart. Heureusement il y a une bande cyclable. Nous dépassons un couple qui discute un peu avec nous et nous encourage.

A un moment donné, alors que je suis devant, vent de trois quart face une bourrasque me stoppe net. Robert me double sans accélérer. C’est vraiment dur ! Le temps s’égraine plus vite que les kilomètres

Finalement, nous arrivons à Suze la Rousse en même temps que Coco et Nanou qui se sont attardées au pied du château de Grignan et qui sont étonnées que nous soyons déjà là.

Il est vrai que c’est une randonnée cyclotourisme.

Nous c’est cyclo et elles c’est tourisme.

Nous trouvons une petite halle en haut près de l’église pour nous abriter du vent. Il ne nous faut pas trop traîner. Donc adieu les pâtes de Coco. Nous nous faisons vite fait des sandwichs et une part du gâteau de riz de Robert et nous repartons non sans pointer dans un café.

De nouveau le vent, les jambes commencent à tirer et nous nous rendons compte que nous risquons d’être juste pour être au Pontet à 16 heures.

Cependant, je rassure les copains en leur rappelant qu’à mon avis, le challenge demandé, c’est 360 km et que nous allons bientôt l’atteindre. Certes mais qu’advient-il de notre défi des 407 km, si près du but ?

En effet, à 14 heures, nous nous arrêtons dans un petit bourg du nom de Cairianne. Nous sommes exactement au 360ème km. Mais nous avons bien envie de réussir notre objectif quand même. Il reste 47 km à faire et deux heures de route.

En temps normal, cela ne nous poserait pas de problème. Mais là, avec le vent de face qui souffle au moins à 50 km/h cela ne va être simple. Mais nous savons qu’à un moment nous allons tourner à droite et que le vent ne nous sera plus défavorable.

Nous repartons donc, c’est toujours aussi dur mais nous parvenons à notre dernier pointage à Sarrians, alors qu’il nous reste 27 km et un peu plus d’une heure.

Mais à partir de là, la route tourne et le vent ne nous gène plus. Nous sommes pourtant fatigués. Même Robert à du mal à prendre des relais. La pluie fait son apparition sous la forme d’une petite bruine.

Nous passons à coté d’une grande route qui va directement à Avignon. Robert nous tente en suggérant de la prendre.

Nous arrivons à Monteux mais de nouveau, nous ne trouvons pas la direction suivante. Je vois un panneau D 992 Avignon. Tant pis, nous prenons cette route ; trois km plus loin nous arrivons à un rond point qui nous amène sur la fameuse route de Robert.

C’est devenue une quatre voies, juste une voie rapide limitée à 110km/h. Tant pis, il y a une belle bande d’arrêt d’urgence et pas de panneau interdit aux vélos.

Nous nous lançons. Nous pouvons même accélérer jusqu'à rouler par moment à près de 40 à l’heure. Personne ne cause et J Philippe se cale dans nos roues.

Nous entrons dans la banlieue de Avignon et nous devons faire attention quand il y a des sorties ou des entrées.

Finalement, nous trouvons la sortie Le Pontet. Nous sommes soulagés de sortir de cette route relativement dangereuse.

Nous devons nous frayer un chemin au milieu des voitures car nous sommes dans une zone commerciale et il y a du monde. Nous trouvons des panneaux nous indiquant « Pâques en Provence » et nous croisons des cyclos et parfois des Vélocio qui ont fini.

A 15 h 40 nous entrons dans Le Pontet. Grands cris de victoire !! Nous sommes tellement heureux que nous en oublions de prendre une photo. Coco et Nanou nous appellent, elles sont dans la ville mais elles cherchent leur chemin. Elles sont cernées par des cyclos. Elles suivent aussi des panneaux.

Nous les retrouvons à un feu juste aux abords du rassemblement. Le temps de rentrer nos vélos au parking et de nous rendre au gymnase et nous pointons pour la dernière fois.

 

Il est 15 h 55. Mission accomplie !!!

 

Je croise une cyclotte qui porte un ruban blanc. C’est Cyclochica du forum Super Randonneur. Elle est partie de Macon avec son groupe. Elle aussi est un peu fatiguée mais elle a eu moins de vent que nous le long du Rhône.

 

A peine sommes nous sortis qu’il pleut, mais cette fois pour de bon.


Il ne nous reste plus qu’à rejoindre l’Hôtel. Une bonne douche réparatrice. Un peu de détente. Je fais chambre avec mes coéquipiers. L’aventure n’est pas encore terminée. Un Buffalo grill nous permet de reprendre quelques forces. Pas très faim mais une bonne salade nous requinque. 21h30 extinction des feux, personne ne rouspète. Une nuit calme, un réveil en douceur sans douleur. Un bon petit déjeuner : là il fait faim !!

 

Nous allons faire valider notre carnet au rassemblement « Pâques en Provence ». Ce qui nous permet de faire quelques rencontres. Pour ma part une dizaine de Ruban Blanc dont un groupe qui a fait Avignon – Le Pontet 388 km (Il paraît qu’il y a plus court !) et un autre qui affiche 620 km sur leur carnet. Robert croise un copain en sortant du gymnase et un peu plus tard c’est Sabine qui apparaît. Elle vient de finir une Trace Vélocio.

Nous ne nous attardons pas, il faut rentrer. Coco au volant et Nanou co-pilote.

 

Au delà de ce récit, il faut souligner l’ambiance particulièrement sympathique qui a prévalue tout au long de ce périple. Humour et joie de vivre on été nos moteurs même dans les moments les plus durs. Une belle aventure sportive mais aussi humaine.

Merci donc à Robert et Jean Philippe d’avoir accepté de me suivre dans ce défi et surtout un grand merci à mes deux amours, mon épouse et ma fille aînée qui nous ont soutenus et qui ont participé activement autant à notre réussite qu’au plaisir que nous avons eu de faire cette flèche.

 

Merci à toi aussi Bernard pour nous avoir amené dans cette aventure. Tu nous as permis de relever ce défi : nous mettre en confiance et savoir ne pas dépasser nos limites. Rouler avec toi est du pur bonheur ! Un grand merci à ton épouse et à ta fille ainée. Leur soutien dans la bonne humeur tout au long de ce week-end est une clé de notre réussite.

 

Jean Philippe

 

 

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